Le delta de l’Aa, dans le Pas-de-Calais, est l’unique polder habité en France. 450000 personnes vivent sous le niveau de la mer 12 heures par jour, le temps des marées hautes. L’agriculture, activité économique importante dans cette zone, est l’une des premières impactées par les récentes inondations. Elle sera certainement aussi la plus longuement touchée, le temps de pouvoir replanter les cultures détruites.
Avec ses 1 500 km de canaux et cours d’eau, héritage d'un savoir-faire hydraulique remontant au Xᵉ siècle, le polder est un haut lieu de l'agriculture régionale. La culture du chou-fleur, emblématique de cette zone, représente à elle seule une production annuelle de 4 millions de têtes. A partir des années 70, la technologie a donné l’illusion de pouvoir tout maitriser. La mise en oeuvre de pompes aux estuaires a laissé croire qu’il était possible d’habiter et de travailler dans ces zones potentiellement inondables. Cependant, cette prospérité agricole se trouve aujourd'hui menacée par la fréquence accrue des inondations.
La géographie de ce territoire et le changement climatique soulignent l'importance de la coopération entre agriculteurs, autorités locales et experts environnementaux. Les récentes inondations ont mis en exergue la nécessité de préserver ce patrimoine naturel, tout en garantissant la sécurité et la pérenité des activités humaines et agricoles dans cette région vulnérable. Le delta du Gange au Bangladesh, les zones côtières d’Afrique de l’Ouest ou encore les Pays-Bas sont confrontés aux mêmes risques avec des réponses différentes.
Voyage dans le polder Audomarois pour témoigner des efforts des communautés locales qui s’adaptent à ces nouvelles conditions, oscillant entre résilience et inquiétude. Comment continuer à vivre sur ce territoire demain ?